Utilisez-vous la bonne crème solaire?

Publié le 13 juillet 2017
Écrit par Lydia Gauthier, M. Sc., dermocosmétologue

Utilisez-vous la bonne crème solaire?

Notre relation avec le soleil au Québec en est certainement une d’amour-haine!

 

Il nous manque six mois par année lorsque nous sommes ensevelis sous la neige ou la pluie et, lorsqu’il ressort enfin au mois de mai, nous l’accueillons à bras ouverts… sans crème solaire.

Le souci, c’est que cette particularité de notre climat affecte la réaction de notre peau au soleil. Pour nous, les gens à la peau blanche, le bronzage est une défense de notre peau à l’agression des rayons UV du soleil et non un signe de bonne santé. Je vous explique. Tout d’abord, le soleil nous renvoie des rayons UVB, qui agressent notre épiderme (couche supérieure de la peau) et causent les coups de soleil; des UVA, qui pénètrent jusqu’au derme et passent à travers les vêtements et les vitres non traitées, pour causer les mélanomes et le vieillissement prématuré de la peau; et finalement, des infrarouges (IR), qui accélèrent le vieillissement cutané.

Or, le rayonnement qui cause le bronzage permanent ou retardé, parce qu’il prend 48 heures à apparaître, est celui des UVB. Pourquoi ce processus prend-il 48 heures? Comme vous pouvez le voir à la figure 1, les rayons UVB vont pénétrer jusqu’aux mélanocytes de la peau, nos petites usines à produire de la mélanine, puis les exciter afin de commencer la production de notre pigment protecteur, mais la mélanine met presque deux jours pour se répartir uniformément en petits parasols au-dessus des noyaux cellulaires.

 

Alors, lorsque j’entends : « Ce n’est pas grave si j’ai un coup de soleil parce qu’après je vais être bronzé! », c’est vrai, mais il est trop tard! Les dommages au noyau des cellules de la peau sont déjà faits et, si le système immunitaire ne repère pas cette anomalie, eh bien, plusieurs années plus tard, un cancer de la peau peut voir le jour.

 

C’est également ce phénomène d’érythème, de rougeur de la peau lorsqu’exposée aux rayonnements UVB, qui est à l’origine du calcul du FPS sur les crèmes solaires. Non seulement il représente la protection de la crème contre les UVB uniquement, mais il représente également un pourcentage de protection de cette crème sur la peau. À ne pas confondre avec des minutes ou des heures : une crème FPS 15 couvre pour plus de 15 minutes et une crème à FPS 100 ne couvre pas que pour 100 minutes. Si elle est appliquée et utilisée de façon conforme, elle protègera la peau pendant les deux heures réglementaires et à presque 100 %. Faites attention de ne pas vous sentir surprotégé lorsque vous utilisez une crème solaire avec un aussi haut FPS. Sachez qu’elle ne couvre pas beaucoup plus qu’une FPS 45 et qu’il est très important d’en remettre aussi souvent!

C’est pourquoi il est si important d’acheter et de bien appliquer une crème solaire qui nous protège de ces dommages permanents. Mais comment bien choisir notre crème solaire? Pas facile, cette question, il y en a tant sur le marché et, depuis deux ans, la popularité est aux crèmes solaires à filtres 100 % minéraux. Pour plusieurs, ça signifie une crème solaire blanchâtre difficile à appliquer dans certains cas. Soyez rassuré : à la fin de cet article, vous comprendrez le fonctionnement des filtres minéraux, mais aussi leur différence avec les filtres organiques!

 

FILTRES MINÉRAUX

Commençons par le plus facile : les deux seuls filtres minéraux autorisés sur le marché canadien sont le dioxyde de titane (TiO2), qui procure une très bonne protection UVB, mais limitée dans le cas des UVA, et l’oxyde de zinc (ZnO), qui lui nous protège contre tout le spectre du rayonnement UVB et UVA. Les filtres minéraux fonctionnent comme de petits miroirs, c’est-à-dire qu’ils font réfléchir les rayonnements solaires afin qu’ils ne soient pas absorbés par les cellules de notre peau. Ils sont en quelque sorte comme une deuxième peau! Ce sont également les deux seuls filtres autorisés sur le marché bio des crèmes solaires.

Dans les deux cas, la concentration maximale autorisée est de 25 %. Ces pourcentages de concentration seront toujours indiqués sur la bouteille dans « Ingrédients médicinaux ». Il est par contre important de mentionner que le TiO2 a un pouvoir de photoprotection presque quatre fois plus élevé que le ZnO, alors si vous êtes à la recherche d’une crème solaire à haut FPS (plus de 30), assurez-vous que les filtres minéraux sont présents dans votre crème solaire. Cela vous assurera d’avoir une très bonne protection à large spectre, c’est-à-dire qui bloque tous les UVB et UVA. Dans ce cas, la compagnie pourra apposer le nouveau logo UVA, qui signifie que vous êtes bien protégé contre les rayonnements qui causent les cancers de la peau les plus dangereux. Alors, cet été, recherchez ce logo (voir figure 2) sur les emballages de soins solaires.

Lorsque nous parlons de crèmes solaires minérales, l’enjeu d’avoir une texture facile à appliquer a toujours donné du fil à retordre aux compagnies cosmétiques. Parce que plus la taille des particules de ces filtres est grande, plus la crème sera blanche et épaisse. Heureusement, il y a eu beaucoup d’améliorations avec l’arrivée des filtres de plus petite taille et teintés. Cela nous permet de trouver des crèmes solaires 100 % minérales plus légères, plus faciles à étendre et offrant même un effet BB pour les crèmes solaires tein tées. Pour ceux qui se questionnent sur la dangerosité de la petite taille de l’ordre des nanoparticules dans ces produits solaires, soyez rassuré, car les études actuelles ont confirmé que ces filtres ne pénètrent pas dans la peau. Par contre, il est recommandé d’éviter de les respirer, alors évitez les aérosols très volatiles. Si vous souhaitez absolument éviter l’utilisation des nanoparticules, c’est possible. Les produits solaires ayant obtenu une certification bio, particulièrement ECOCERT, doivent avoir fourni la preuve qu’ils sont exempts de nanoparticules. Autre fait très intéressant sur les crèmes solaires bio : elles sont souvent formulées à base d’aloès vera au lieu de l’eau, ce qui rend la crème nourrissante et apaisante, en plus d’être protectrice. Idéal pour la peau des bébés et des enfants et les peaux sensibles. À prendre sérieusement en considération pour sécuriser toute la famille cet été compte tenu du nombre impressionnant d’articles de journaux exposant des cas de brûlures sévères chez les enfants causées par les crèmes solaires de moins bonne qualité.

 

FILTRES SOLAIRES ORGANIQUES

Maintenant, parlons des filtres solaires organiques (anciennement appelé « filtres chimiques »). Ceux-ci fonctionnent de façon très différente.

Ils sont comme de petites éponges qui, lorsque bien appliquées à la surface de la peau, vont absorber le rayonnement solaire à la place des cellules de la peau. C’est ce phénomène qui nous dicte le moment de réappliquer la crème solaire, puisqu’après deux heures, l’éponge est pleine et ne sera donc plus en mesure d’absorber les UV à la place de notre peau. Actuellement, 19 filtres organiques sont autorisés par Santé Canada. Je ne peux malheureusement pas tous vous les nommer, mais vous trouverez tous les détails dans la monographie sur les écrans solaires facilement accessible sur le site Web de Santé Canada. Afin de trouver les meilleures crèmes solaires à filtre organique sur le marché, l’Association canadienne de dermatologie publie chaque année une liste avec le nom des produits solaires recommandés. Certains filtres organiques ont une protection UVB et d’autres UVA, alors cette catégorie de soins solaires fonctionne avec une synergie de plusieurs filtres organiques afin de couvrir tout le spectre de rayonnement solaire. Ils se doivent d’être photostables, en concentration suffisante et surtout sécuritaires pour la peau. Selon les critères de photoprotection, mais surtout de tolérance de la peau, les dermatologues vont préconiser les crèmes solaires contenant du Mexoryl XL ou SX ou du Tinosorb M ou S. Si vous êtes allergique à l’un des filtres organiques, le dermatologue vous recommandera l’application de soins solaires minéraux, qui sont également souvent mieux tolérés par la peau des bébés (6 mois et plus) et des enfants.

N’oubliez surtout pas de réappliquer de la crème solaire en quantité suffisante toutes les deux heures ou après chaque baignade, activité physique intense ou frottement sur l’une des zones exposées au soleil, et ce, peu importe le FPS. Parce que, comme mentionné plus haut, une crème solaire avec un FPS de 100 ne vous protègera pas beaucoup plus qu’une crème avec un FPS de 50. C’est la raison pour laquelle Santé Canada a emboîté le pas à l’Union européenne en ce qui concerne l’affichage du FPS, qui est maintenant limité à un 50+. Il est également important de respecter les dates d’expiration sur les contenants et de jeter tout produit solaire OUVERT depuis 12 mois. Parce qu’en ce qui concerne les filtres organiques, une crème solaire avec un FPS 60 acheté l’été passé n’offrira qu’une protection FPS 30 l’année suivante!

Les crèmes solaires sont beaucoup plus que des filtres. Elles doivent être stables dans le temps et à des chaleurs extrêmes, et présenter une répartition uniforme des filtres dans la crème, mais elles doivent aussi contenir des antioxydants pour contrer les dommages des quelques rayons qui auront franchi la barrière de protection. Les UV à la surface de la peau provoquent la création de radicaux libres, qui endommagent également les cellules.

En terminant, n’oubliez pas qu’il est possible de bronzer avec une crème solaire à FPS 45, il sera plus progressif et de plus longue durée, parce qu’au fond, « la peau est le seul vêtement que vous porterez toute votre vie! »