Verdures de l’équinoxe, bonnes à boire et à manger !

Publié le 16 février 2023
Écrit par Anny Schneider, autrice et herboriste-thérapeute accréditée

Verdures de l’équinoxe, bonnes à boire et à manger !
Expo manger santé Quebec

Les extraits de plantes qu’elle me désignait du doigt n’auraient eu que peu de pouvoir de guérison s’ils n’avaient été assortis de paroles qui soignent, car l’être humain est le premier remède de l’être humain.

David Diop, La porte du voyage sans retour

 

Au printemps, depuis toujours, les êtres humains, comme les ruminants, dès le dégel, recherchent avec avidité des plantes fraîches, au jardin comme dans la nature, pour y retrouver des enzymes, de la chlorophylle et des vitamines.

Faut-il rappeler que la chlorophylle, le pigment vert des plantes, a la même structure chimique que l’hémoglobine du sang, hormis son noyau central qui est du magnésium et non du fer ?

Sans les angiospermes, ou plantes à fleurs, apparues dans le carbonifère à la fin du paléozoïque, il y a 300 millions d’années, ni les animaux ni les êtres humains n’auraient pu survivre vu les nutriments et l’oxygène qu’elles génèrent grâce à la photosynthèse.

Même nos compagnons canidés se jettent sur les premières pousses de chiendent pour se purifier !

Les végétaux de la famille des graminées, désormais des poacées, referment le plus haut taux de chlorophylle : les pousses de blé, d’orge, de riz ou de seigle en sont de bons exemples.

 

Du côté des concentrés, on peut recommander l’herbe de blé congelée, à prendre en cure dépurative et tonique le matin, à jeun. Sinon, restant très populaires comme super aliments depuis des décennies, la poudre ou les comprimés de « green magma » contiennent surtout de jeunes pousses d’orge et de riz.

Du côté des autres plantes et concentrés riches en pigments verts et en protéines, on retrouve la chlorelle et la spiruline, d’excellents toniques et nutriments concentrés qui pourraient même aider à soulager la famine mondiale, à condition d’avoir de l’eau douce pour en cultiver.

Étrangement, la chlorophylle liquide du commerce est surtout tirée des feuilles déshydratées et diluées d’une légumineuse, ou fabacée, la luzerne (Medicago sativa) américaine, mais elle demeure tout de même une source acceptable, assimilable et pratique d’utilisation.

 

Meilleures plantes vertes et fraîches du péri-équinoxe (selon la latitude)

Bien sûr, comme souvent, ce sont les végétaux bien frais et vivants surgis des friches, des pelouses non traitées et des jardins qui renferment le plus de nutriments utiles : outre la chlorophylle, ils contiennent des enzymes, des caroténoïdes, des vitamines du groupe B, des glucosinolates et autres anthocyanes, du magnésium, du potassium et d’autres oligo-éléments.

 

Rappel des caractéristiques et des utilisations des plantes printanières les plus vertes

Anthrisque (Anthriscus sylvestris) : cette apiacée pousse partout sur le bord des routes, souvent prise à tort pour de la carotte sauvage ou, pire, de la berce ou de la cigüe. Elle est classée EEE (espèce exotique envahissante) par les botanistes, mais rien n’arrêtera son expansion. Les feuilles de cette plante sont carminatives, digestives et diurétiques. Les ombelles sont calmantes et euphorisantes. Un brin ou une cuillère à soupe par portion, en décoction, sinon ajoutée à un velouté ou à une soupe, prise durant une semaine, peut constituer un bon draineur général.

 

Chiendent (Agropyron repens) : nommé ainsi en raison des chiens qui l’adorent. La verdeur tonique des feuilles du chiendent est rafraîchissante, et, par ses racines si expansives, il chasse les vieilles fausses idées fixes cristallisées jusque dans nos reins ! Les Japonais incorporent même les feuilles du chiendent à leurs nutraceutiques. Outre la chlorophylle, il renferme des fibres, des vitamines (A, C, E), des acides (glycolique, citrique, malique), des minéraux (fer, magnésium) et des sucres simples et complexes.

 

Consoude (Symphytum officinale) : une autre des premières vivaces à repointer ses tiges dans la neige ; en cure brève, elle est bien plus bénéfique que dangereuse. En décoction de 20 grammes de jeunes feuilles à la fois, en potage ou ajoutée à une potée, elle adoucit, nourrit et répare les muqueuses digestives.

Ses feuilles contiennent de l’allantoïne, bien sûr de la chlorophylle, des mucilages et beaucoup de vitamines (A, B12, choline, C, E et K) en plus des fibres et des protéines.

 

Lierre terrestre (Glechoma hederacea) : plus agréable à boire en tisane qu’à manger, car ses huiles essentielles sont très amères et camphrées ; c’est néanmoins un bon antihistaminique, décongestionnant, et un fameux pectoral ! Son homonyme, le lierre grimpant (Hedera helix), une araliacée, constitue aussi un bon mucolytique et expectorant commercialisé par les Allemands et toujours consigné dans les codex, dont la Commission E et le Vidal français.

 

Ortie (Urtica dioica) : une de nos plus utiles dépuratives, toniques et alcalinisantes, cultivée ou échappée de culture ! À cueillir avec des gants et à boire en tisane, surtout au printemps et en automne !

 

Alliaire (Alliaria officinalis) : les feuilles de première année de cette crucifère, qui s’est multipliée à cause de la déforestation et qui est considérée comme une EEE (espèce exotique envahissante), sont très bénéfiques comme antioxydant pour le foie, les poumons, la peau et le sang.

 

Cresson (Nasturtium officinale) : si vous avez la chance d’avoir un ruisseau clair accessible où il pousse en abondance, dès le dégel, faites-en une cure en l’ajoutant à une salade, bien assaisonnée, évidemment ! Sinon, on en retrouve dans plusieurs fruiteries et magasins naturels. Il contient tous les acides aminés ou presque ; de la chlorophylle ; des sulforaphanes, dont les isothiocyanates ; des glucosinolates (gluconasturtine) ; des flavonoïdes ; des vitamines (provitamines A [carotènes, lutéines, xanthines], B [dont l’acide folique], C, E, et K) ; des minéraux (fer, magnésium, phosphore, potassium, sodium, soufre) ; des acides gras essentiels ; et des fibres.

Quelle richesse contenue dans ce croustillant et piquant végétal aquaphile !

 

Kale et autres choux (Brassicae sp.) : tous les choux sont dans la même famille que celle citée précédemment : rapinis, moutarde, etc. Superbes sources de chlorophylle, de calcium et de soufre. Précieuse famille que celle des crucifères, désormais des brassicacées. Mangez-en souvent, à toutes les sauces possibles.

 

Laitues (Lactucas sp.) : toutes les sortes de laitues, en fait leurs feuilles issues des plantes cultivées de la première année, sont bénéfiques, mais de plus en plus coûteuses, surtout l’hiver ! (5 $ pour une laitue c’est cher !) La Boston, la chicorée et la scarole, en fait les plus vertes, sont les plus bénéfiques.

 

Marguerite (Chrysanthemum leucanthemum) : ce sont ses toutes jeunes feuilles ondulées et sucrées qu’on repère, dès la fonte des neiges, et qu’on consomme telles quelles ou ajoutées à la salade. Flavonoïdes, provitamines A, minéraux, mucilages et saponines lipotropiques : la gentille marguerite contient tout cela.

 

Menthes (Mentha piperita, spicata, viridis) : la menthe est l’une des plantes les plus appréciées dans le monde entier pour ses propriétés digestives, toniques et rafraîchissantes. On la retrouve dans plusieurs plats et salades, sinon on la boit en décoction ou en tisane.

En extrait, elle est très présente dans les dentifrices, les gommes à mâcher et les liqueurs digestives.

 

Mouron des oiseaux (Stellaria media) : cette délicate plantule au goût terreux contient presque toutes les vitamines, autant hydrosolubles que liposolubles, des mucilages et des pro-hormones immunostimulantes. Elle est aussi émolliente et laxative. On peut la manger en salade ou l’ajouter à la soupe, sinon marinée dans le vinaigre. Sa minuscule fleur en étoile blanche nous indique de bonnes pistes intérieures à suivre et nourrit en nous l’espoir et la foi en de meilleurs lendemains.

 

Oxalide (Oxalis acetosella ou montana [en forêt]) : cette surette des bois est très riche en vitamine C et en acide oxalique. On peut la manger en trempette ou en salade, sans néanmoins exagérer. En externe, elle soigne les plaies infectées, et aide à clarifier le teint brouillé. La variété des prés, à fleurs jaunes, est la plus répandue, et ses feuilles sont plus tendres.

 

Pissenlit (Taraxacum officinale) : les premières feuilles de pissenlit, au printemps, constituent une excellente source de vitamine A et de minéraux (calcium, magnésium, fer). Sa racine contient beaucoup de potassium.

Les fleurs, en salade, en tisane et même transformées en vin, soignent le foie. La racine d’automne nettoie les reins et aide le pancréas.

 

Conclusion

Remarquez que l’alliaire, la consoude, le cresson et le pissenlit sont toutes des plantes qualifiées d’officinales, donc ont fait leurs preuves en herboristerie empirique aussi bien que dans les officines pharmaceutiques !

Que ce soit dans le jardin, les pelouses non traitées ou les friches sauvages, la nature fournit en abondance à qui sait en prendre conscience tous les nutriments et les remèdes pour une santé florissante !