Vers une reconnaissance de l’aromathérapie scientifique

Publié le 27 septembre 2021
Écrit par Stéphanie Plamondon, Ac., M. Sc. et Sarah Milon, aromathérapeute certifiée

Vers une reconnaissance de l’aromathérapie scientifique

Les plantes et un grand nombre de leurs dérivés sont utilisés à des fins médicinales depuis des milliers d’années. Comme le constatent les personnes qui œuvrent dans le domaine des produits naturels, certains de ces produits connaissent des périodes durant lesquelles ils deviennent plus appréciés et plus populaires. C’est le cas des huiles essentielles depuis quelques années.

 

L’aromathérapie dans la presse

Dans le contexte de la pandémie, l’aromathérapie a été l’objet de plusieurs articles dans les journaux, le plus souvent sous un angle plutôt défavorable. On constate effectivement depuis quelques années une augmentation de publications d’articles au sujet de l’aromathérapie dans la presse, mais l’associant la plupart du temps au mieux à une thérapie par les odeurs et au pire, à du charlatanisme. Aux yeux du grand public, ces articles ne peuvent que contribuer à semer la confusion et à discréditer certaines approches sérieuses, dont l’aromathérapie scientifique française.

 

Le paradoxe de cette situation réside dans le fait que de trop nombreuses publications qui vantent cette fois certaines propriétés thérapeutiques des huiles essentielles sont tout aussi préjudiciables à la reconnaissance de l’aromathérapie, car trop souvent, ces publications ne s’appuient pas sur des études sérieuses et laissent parfois croire que les huiles essentielles possèdent des propriétés miraculeuses capables de tout soigner facilement.

 

Tout comme pour les médicaments de synthèse, il n’existe évidemment pas de traitements miracles et laisser croire le contraire n’aide pas à ce que les professionnels de la santé, comme les médecins, puissent envisager d’accepter l’aromathérapie scientifique comme approche complémentaire à la médecine allopathique.

 

Les huiles essentielles, des produits en vente libre

Comme elles sont naturelles, les huiles essentielles sont des produits offerts en vente libre. Cette facilité à se les procurer est certes appréciable, mais il importe de les acquérir dans des endroits spécialisés afin de s’assurer de leur qualité. Il est en effet possible de retrouver des huiles essentielles en vente dans de plus en plus d’endroits qui, sans nécessairement que cela soit intentionnel, offrent des produits qui peuvent ne pas être de véritables huiles essentielles ou qui sont modifiés. D’autres encore voient dans cet engouement une importante manne financière et offrent des huiles essentielles, souvent de qualité douteuse, par l’intermédiaire de certains réseaux de distribution à paliers.

 

De plus, les huiles essentielles peuvent ne pas être réglementées par Santé Canada, car elles sont parfois commercialisées comme des parfums ou des produits chimiques et non comme des produits de santé naturels (PSN). Or, l’utilisation d’huiles essentielles, et encore plus lorsqu’elles sont de mauvaise qualité, comporte de nombreux risques, allant de réactions cutanées à des accidents beaucoup plus graves.

 

La méfiance est donc de mise, surtout lorsque les huiles essentielles sont présentées comme des produits miracles par les vendeurs, voire accompagnées de mentions trompeuses telles que « plus concentrées que d’autres », par exemple. Les huiles essentielles sont donc des produits faciles à se procurer, mais qui, étant très concentrés et parfois non réglementés, doivent être choisis avec soin, utilisés avec précaution et achetés dans des endroits sûrs.

 

L’importance de la qualité

Nombreuses sont les personnes qui souhaitent commencer à utiliser les huiles essentielles après en avoir lu les bienfaits dans des articles. Toutefois, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver ; comment savoir si une huile essentielle est de bonne qualité ? Est-il possible d’en faire un usage interne ? Les femmes enceintes peuvent-elles les utiliser ?

 

Afin d’être bien informé, il importe de se les procurer à des endroits où le personnel est formé en aromathérapie scientifique et dans lesquels des huiles essentielles authentiques sont offertes. Pour les reconnaître, on choisira des huiles dont l’étiquette comporte les critères de qualité suivants :

 

  • Le nom latin du genre et de l’espèce de la plante distillée
  • Le chémotype (ex. : romarin ou romarin officinal sont des mentions insuffisantes. Le chémotype cinéole, verbénone ou encore camphre doit être mentionné.)
  • L’origine géographique
  • La ou les principales molécules
  • Le mode de culture
  • La partie de la plante qui a été distillée ou pressée
  • Issues d’une distillation complète
  • Un numéro de lot relié à une analyse de l’huile essentielle

 

Formation en aromathérapie

Internet abonde en conseils et en offres de formations en aromathérapie. Si certaines formations sont sérieuses, d’autres proposent des diplômes et certifications après seulement quelques mois ou pire, quelques semaines d’étude.

Au vu de toutes les connaissances à acquérir pour s’assurer d’une utilisation efficace et sécuritaire des huiles essentielles et pour cheminer vers une diplomation en aromathérapie scientifique française, plusieurs centaines d’heures d’études sont nécessaires. Cela ne peut se faire par exemple sans aborder d’importantes notions d’anatomie, de physiologie, de pathologie, mais aussi de chimie botanique, permettant de développer des formules bien équilibrées et de choisir les modes d’administration les plus fiables.

 

Bien sûr, l’intérêt pour l’aromathérapie diffère pour chaque personne et tout le monde ne souhaite pas nécessairement devenir aromathérapeute. Pour assurer un usage sécuritaire des huiles essentielles, un ouvrage de référence en aromathérapie scientifique française sera alors la meilleure recommandation. On y retrouvera par exemple des conseils, des propositions de formules, des voies d’administration efficaces ainsi que des contre-indications à respecter. Si l’intérêt grandit, des cours d’introduction sont offerts dans des écoles sérieuses, dont certaines permettent par la suite un cheminement pédagogique menant à un diplôme d’aromathérapie scientifique.

 

Tout comme les huiles essentielles, il est possible de choisir une école d’aromathérapie fiable en se fiant à certains critères de qualité :

  • Formation de plusieurs centaines d’heures
  • Formation offerte par des spécialistes de l’aromathérapie française
  • Enseignement basé sur les recherches scientifiques
  • Exploration des molécules aromatiques et familles biochimiques
  • Présentation des précautions et contre-indications à observer
  • Développement de formules thérapeutiques fiables, efficaces et sécuritaires

 

Vers une reconnaissance de l’aromathérapie scientifique française ?

Il n’y a qu’à faire une courte recherche sur certains sites de publications scientifiques tels que PubMed pour réaliser le potentiel énorme des huiles essentielles. Comme l’aromathérapie française s’inscrit dans une approche scientifique et rigoureuse, elle pourrait être vue comme une aide complémentaire dans une relation de collaboration avec la médecine officielle plutôt que réduite à une approche ésotérique. À cet effet, il serait nécessaire que les formations solides et sérieuses basées sur l’aspect scientifique des huiles essentielles soient reconnues. De telles formations auraient comme effet de réguler la pratique et d’empêcher des personnes non formées de se proclamer aromathérapeutes, ce qui assurerait ainsi la sécurité des clients.

 

Les aromathérapeutes scientifiques souhaitent depuis de nombreuses années la reconnaissance de l’aromathérapie, et croient profondément qu’elle serait d’un soutien appréciable chez des personnes souffrantes et malades. Cette reconnaissance contribuerait à encadrer l’utilisation des huiles essentielles, qu’elle soit personnelle ou proposée dans un contexte clinique, afin qu’elle se fasse en toute sécurité et qu’elle permette au plus grand nombre de personnes possible de bénéficier de leurs grandes propriétés thérapeutiques.