Publié le 15 janvier 2017
Écrit par Daniel-J. Crisafi, nd.a., m.h., ph. d.
Dans cet article, j’aimerais vous offrir quelques pistes de solution en ce qui concerne la longévité.
Ces pistes, qui seront très simples sans pour autant être simplistes, sont le fruit de quelqu’un qui entre dans sa sixième décennie et qui réfléchit là-dessus de plus en plus, et ce, pour des raisons évidentes : je vieillis.
« Vous ne pouvez pas vous empêcher de devenir plus vieux, mais vous n’êtes pas obligé de vieillir. » — GEORGE BURNS
Peut-on vraiment faire l’extension de la vie — life extension, comme disent les américains ?
« Il ne s’agit pas d’ajouter des années à la vie, mais de la vie aux années. » — ALEXIS CARREL
Répondre à cette question requiert de la mettre en perspective, de l’expliciter. Si par extension de la vie, on parle du fait de vivre bien au-delà de notre potentiel génétique, la réponse est non. Non, nous ne pouvons pas augmenter la durée maximale de la vie. Je m’explique. Le processus de vieillissement est inéluctable. En effet, à partir d’environ 35 ans, le corps se défait (catabolisme) plus facilement et il se répare (anabolisme) moins bien. Nous allons vieillir que nous le voulions ou non, c’est un fait. Une nouvelle étude publiée en octobre 2016 dans la prestigieuse revue Nature souligne d’ailleurs que l’âge maximal auquel nous pouvons vivre semble être de 115 ans, 125 dans les cas les plus exceptionnels. Par contre, si par extension de la vie, on parle du fait de pouvoir vivre bien plus longtemps qu’autrement et avec une qualité de vie accrue, la réponse est oui. En effet, la majorité des Nord-Américains ne vivent pas aussi longtemps qu’ils le pourraient, quel que soit leur potentiel génétique. La grande majorité de nos concitoyens meurent avant leur temps.
Trois facteurs concernent ce processus que nous appelons vieillissement. Le premier est notre génétique. Celle-ci régule diverses fonctions biochimiques et physiologiques. C’est notre génétique qui contrôle la façon dont le corps va réagir à divers facteurs environnementaux auxquels nous sommes confrontés. Pour paraphraser le biochimiste américain Jeffrey Bland, « les recherches depuis les dix dernières années nous démontrent que nos gènes sont très rarement programmés pour produire une maladie. C’est plutôt que les gènes contiennent de l’information qui dicte comment la physiologie d’un individu va répondre à des facteurs environnementaux spécifiques et se traduire alors en maladie ou en santé ».
Génétiquement, nous avons donc certaines forces et certaines faiblesses. Mais mis à part certaines rares maladies purement génétiques, notre génétique ne détermine pas si nous allons avoir une maladie particulière, seulement si nous sommes plus à risque de l’avoir. Une maison faite de papier mâché est plus à risque de prendre en feu qu’une maison de pierres. Néanmoins, si nous éloignons celle-ci de tout ce qui peut causer du feu, elle ne brûlera pas. Notre génétique est comme ça, une « faiblesse » qui ne sera pas nécessairement exploitée.
Il va de soi que si vous savez avoir une génétique fragile à certains points de vue, il faut prendre cela en considération lorsque vous gérez votre santé.
Puisque notre génétique ne change pas, ce qui nous intéresse particulièrement ici, ce sont les deux autres facteurs, l’anabolisme et le catabolisme. Simplifiés à outrance, la croissance tout comme le vieillissement sont le fruit du déséquilibre entre l’anabolisme et le catabolisme. L’anabolisme, c’est la production de nouvelles cellules alors que le catabolisme, c’est la destruction qui s’opère dans le but de produire de l’énergie. En biochimie, ces deux concepts, qui forment ce que l’on nomme le métabolisme, sont bien plus complexes. Mais aux fins de cet article, gardons-nous au concept épuré le plus simple : l’anabolisme, c’est la formation de nouveaux tissus et le catabolisme en est la destruction.
Chez l’enfant normal, il y a plus de production de cellules (anabolisme) que de destruction (catabolisme) : il y a donc croissance. Vers l’âge de 18 ans, l’anabolisme et le catabolisme s’équilibrent, et ce, jusqu’à environ 35 ans. Il n’y a plus de croissance générale (la croissance musculaire peut par contre continuer), l’individu ne grandit plus, etc. À partir d’environ 35 ans, le processus de destruction (catabolisme) dépasse celui de la production de nouvelles cellules (anabolisme), c’est alors le vieillissement. Ce processus est encodé dans nos gènes et est irréversible.
S’il est irréversible, que peut-on faire alors ?
Le processus de base est en effet irréversible, puisque régulé par nos gènes. Par contre, dans la majorité des cas, notre anabolisme est plus lent qu’il ne pourrait l’être et notre catabolisme est trop rapide. Laissez-moi vous donner deux exemples. Comparons l’anabolisme à la construction d’une maison. Pour construire une maison, vous avez besoin d’un plan (votre génétique) et de matériaux (nutriments. Malgré le meilleur des plans, si les matériaux sont de qualité inférieure, des poutres en carton plutôt qu’en métal, et des murs en papier mâché plutôt qu’en briques, la maison ne sera pas solide et elle ne saura pas bien résister aux intempéries. Malgré notre génétique, la qualité des matériaux que nous donnons au corps aura un effet majeur sur la qualité de sa construction ou de sa réparation.
Prenons maintenant l’analogie d’un feu pour imager le concept du catabolisme. Lorsque je fais un feu, les matériaux que je brûle sont utilisés pour produire de l’énergie.
Ceux-ci sont détruits à une certaine vitesse lorsqu’ils brûlent. Si j’ajoute de l’essence, ceux-ci brûleront plus vite. Il en va de même pour notre catabolisme.
Nous pouvons, sans le savoir, accélérer la vitesse du processus, accélérant ainsi la vitesse de vieillissement.
Qualité de construction et de réparation
Afin de ralentir le processus de vieillissement, il faut fournir au corps les éléments dont il a besoin pour se réparer. Or, de plus en plus d’études démontrent qu’en vieillissant, nous avons besoin de plus de nutriments. Cette situation est vraie en ce qui concerne les protéines aussi bien que les vitamines et minéraux. Malheureusement, en vieillissant, nous sommes plus vulnérables à une mauvaise alimentation. En effet, des études épidémiologiques soulignent qu’en vieillissant, les nous sommes plus vulnérables à une mauvaise alimentation. En effet, des études épidémiologiques soulignent qu’en vieillissant, les gens mangent moins, et ils mangent généralement moins bien.
Il est donc essentiel, si nous ne voulons pas vieillir prématurément, de nous alimenter correctement à la fois tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Quelques conseils simples dans le tableau ci-dessous.
Guide de vitamines et minéraux supplémentaires
Le tableau qui suit donne une idée générale du dosage de nutriments supplémentaires qu’il serait utile de prendre à titre préventif. Il va de soi que ces doses sont, à mon avis, le minimum que nous devrions prendre en supplément afin de contrecarrer les effets du vieillissement. De plus, ce sont les doses minimales pour une personne qui s’alimente bien.
Quoique certaines formules de multiples vitamines et minéraux sauront fournir la majorité de ces nutriments, il faudra probablement bonifier les doses de ceux-ci avec un supplément de calcium et de magnésium.
Certains souligneront, avec raison, que la quantité recommandée de certains antioxydants est basse. C’est vrai, mais ce que je vous suggère ici est le minimum. Il serait probablement de mise d’écrire un article complet sur les radicaux libres et les antioxydants.
Je n’ai pas, non plus, noté d’autres suppléments qui sont bien documentés pour leur effet « antivieillissement », tels que les probiotiques, le N-acétylecystéine, l’acide alphalipoïque et l’ail vieilli. Cette liste se veut simple, vous offrant une suggestion pour le minimum de vitamines et de minéraux requis.
Réduction des dommages
S’il est important de donner au corps ce dont il a besoin afin de mieux se réparer, il est aussi important de minimiser les dommages. En effet, comme le corps s’endommage plus rapidement en vieillissant, il est d’autant plus important de minimiser les facteurs qui peuvent aggraver ou accélérer cette dégénérescence.
Comme il y a un nombre important de substances chimiques que nous ne pouvons pas contrôler, il faut minimiser autant que possible celles qui sont contrôlables.
Les facteurs de dommages
D’après l’Organisation mondiale de la Santé, la baisse de la qualité de l’air dans les centres urbains augmente les risques de maladie cardiovasculaire, de cancer du poumon et de maladies respiratoires aiguës et chroniques, dont l’asthme . Et ce ne sont pas que les villes de pays en voie de développement qui ont ce problème. En effet, même si l’air de villes telles que Montréal n’est pas généralement aussi pollué que celui de Pékin, il s’y rapproche. À titre d’exemple, en mai 2016, l’air de la ville de Montréal était plus pollué que celui de Pékin.
Dans une étude environnementale entreprise chez plus de 200 femmes enceintes, des analyses ont détecté la présence de perchlorate, un produit chimique provenant de carburant pour fusées, chez 100 % des sujets. Les perchlorates sont omniprésents dans l’environnement.
D’où viennent-ils ? Ils sont présents en petite concentration dans la nature, mais leur concentration s’est accrue grandement depuis leur utilisation dans les engrais chimiques, les gonfleurs à coussins gonflables et dans les combustibles solides.
L’eau du robinet n’est pas mieux ! Vous vous rappelez sans doute que la ville de Flint, au Michigan (États-Unis), avait un taux de plomb très élevé dans son eau.
Cette situation a fait les manchettes pendant plusieurs semaines. Or, d’après Michèle Prévost, professeure à l’École polytechnique de Montréal et titulaire de la Chaire industrielle en eau potable, « les niveaux de plomb mesurés dans certaines maisons d’après-guerre à Montréal sont plus élevés que ceux dans le secteur considéré comme à haute concentration de plomb à Flint, au Michigan ». Le problème ne se limite pas au plomb dans l’eau. En effet, l’analyse d’eau du robinet de plusieurs villes canadiennes, dont celle de Montréal, démontre la présence de traces d’analgésiques, d’hormones et d’autres drogues.
Nous pourrions aussi aborder la présence de xénœstrogènes dans l’eau, dans les aliments et dans divers types de contenants alimentaires. Ces substances sont reconnues pour perturber l’équilibre endocrinien et ont démontré des effets procancérigènes, surtout en ce qui concerne le cancer du sein chez la femme et celui de la prostate chez l’homme.
Étant donné cette présence accrue de substances chimiques environnementales, il est essentiel d’essayer de minimiser leur présence dans notre environnement. Dans le tableau ci-haut, je suggère certaines habitudes à adopter pour réduire ce « fardeau chimique » sur le corps. Il va de soi que nous ne pouvons pas nécessairement adopter tous ces changements en même temps. Mais toute réduction du fardeau chimique aura un effet positif.
Détoxification
Les diverses « cures » de détoxification peuvent aider à réduire le fardeau chimique accumulé. Plusieurs articles publiés dans Vitalité Québec ont déjà souligné l’importance de faire ce type de cure. Je vous laisse les consulter.
Mouvement
Un nombre croissant d’études soulignent l’importance de l’exercice, et surtout l’exercice de résistance, dans le maintien de la santé chez les personnes vieillissantes. Or, même si celles-ci démontrent déjà que l’exercice régulier réduit les risques de cancer, de diabète, de maladies cardiovasculaires et d’ostéoporose, de nouvelles études soulignent que l’exercice de résistance améliore même la capacité cognitive des aînés.
Conclusion
Nous ne pouvons arrêter le processus de vieillissement, mais dans la grande majorité des cas, nous pouvons le ralentir. De plus, nous pouvons augmenter nos chances de « mourir en santé » plutôt que de passer des années invalides. Pour ce faire, il faut nous assurer d’un apport optimal de matériaux de réparation tels que les protéines, vitamines et minéraux. Il faut aussi réduire, autant que possible, l’absorption de substances chimiques qui peuvent accélérer le vieillissement. J’espère que cette petite réflexion saura vous aider dans votre démarche vers une santé optimale.
Références
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