Vos ancêtres pourraient-ils guider votre assiette ?

Publié le 27 septembre 2018
Écrit par Sylvie Leblanc, n.d.

Vos ancêtres pourraient-ils guider votre assiette ?

En naturopathie, nous utilisons plusieurs facteurs de santé. Et l’un d’eux contre lequel on ne peut rien, à la base, c’est l’héritage génétique.

 

Ce que les gènes de nos prédécesseurs nous ont livré dans « notre valise de codes génétiques », y compris les facteurs dominants et récessifs de cet héritage, nous suivra toute notre vie. C’est ce qui fait que nous avons les yeux bleus de grand-papa, une prédisposition aux maladies cardiovasculaires ou aux cancers, dans certains cas, que nous ayons tendance à être plus rondouillets, ou même à être plus fragiles émotionnellement et plus enclins à la dépression, voire à la bipolarité.

Dans les concepts qui sont chers à la naturopathie, nous suggérons aux gens soucieux de leur santé globale de concevoir un arbre généalogique santé pour eux, mais aussi pour leur progéniture, afin de voir les probabilités et propensions à développer d’éventuels problèmes de santé, d’allergies, d’intolérances, etc.

À partir des faiblesses et des forces héritées dans nos codes génétiques uniques, il est sage de ne pas aggraver ces faiblesses par un mode de vie exacerbé et dévitalisant. Il est recommandé, par rapport aux faiblesses potentiellement héritées, d’être respectueux et d’observer un mode de vie en harmonie avec notre nature et notre potentiel vital intrinsèque.

De plus en plus, la science nous prouve que les gènes guident certains traits physiques ou nous y prédisposent, mais peuvent aussi nous offrir des forces ou fragilités concernant certains problèmes de santé. Imaginez, certaines caractéristiques pourraient être issues d’un ancêtre de la sixième à la huitième génération antérieure. C’est fou, quand on y pense : certains traits physiques et certaines forces ou faiblesses pourraient nous avoir été légués par quelqu’un qui est depuis longtemps disparu !

 

Un lien entre gènes et alimentation

Dernièrement, je lisais un ouvrage écrit de madame Isabelle Kun-Nipiu Falardeau, dite La Métisse, et un des chapitres qui est consacré à l’alimentation traditionnelle des Premières Nations du Québec a attiré mon attention. Selon madame Falardeau, pendant des millénaires, les sédentaires et les nomades ont survécu en étant forts et en santé grâce à leur alimentation traditionnelle, en respect avec les ressources du terroir et le mode de vie de leur nation.

Il y a le profil des « nomades », qu’on pourrait aussi appeler les chasseurs, dont l’alimentation est basée sur la viande et les poissons rapportés au campement. C’est un mode de vie de type patriarcal, où les hommes assurent la survie de leur clan. Avec l’arrivée des Européens, les nomades deviennent de plus en plus sédentaires. Ces derniers, étant habitués aux longues marches en forêt lors des chasses et ayant une alimentation très différente, voient leur santé décliner. Les femmes nomades, ayant de moins en moins de gibiers, se tournent de plus en plus vers les denrées commerciales comme le sucre blanc, la mélasse, la farine blanche, le thé, le gras de porc, etc.

Selon La Métisse, ces nouveaux aliments, avec le temps et les changements, auraient créé différentes maladies chez les nomades, comme la tuberculose, le diabète, l’obésité, les maladies cardiaques, les allergies, les intolérances alimentaires, etc.

Une fois les nomades sédentarisés, les provisions venaient du magasin général : le lait de vache, les œufs, la viande de bœuf, les produits en conserve et dernièrement, les colorants, les additifs alimentaires, les produits chimiques et la malbouffe. Nous sommes arrivés très loin ici du régime alimentaire traditionnel des chasseurs, et ce, en quelques générations seulement.

Chez les sédentaires, la base de l’alimentation est plus végétarienne, complétée par des poissons et du gibier à l’occasion. Pour les sédentaires, qu’on pourrait aussi appeler

« cueilleurs », l’agriculture est à la base de l’alimentation. Les femmes sont responsables des champs et des récoltes. Il s’agit d’un mode de vie plus matriarcal. Les femmes du clan détiennent le pouvoir de la nourriture et sont responsables de la survie des leurs. Dans l’ouvrage Pachamama, on décrit généreusement, pour chaque nation, les traditions culinaires selon les territoires donnés et les ressources offertes par la nature. Pour les nations plus sédentaires, il est question de cultures de haricots, de maïs, de courges, de la récolte de riz sauvage, de pousses et de légumes sauvages, des petits fruits, dont les bleuets, les atocas, etc. Il est même fait mention que c’est en voyant les Abénakis cuire leurs haricots dans l’eau d’érable que les cuisiniers britanniques, sur les bateaux de Boston, auraient eu l’idée d’ajouter de la mélasse aux fèves au lard que l’on connaît aujourd’hui. Donc, les légumineuses, en plus du riz sauvage très protéiné selon les régions, faisaient office de source de protéines en dehors des prises de chasse ou de pêche.

Notez que selon madame Falardeau, La Métisse, et monsieur Manuel Kak’wa Kurtness, aucun aliment de tradition ne contenait de gluten ou de sucres raffinés, de produits laitiers de vache ou de produits du porc ou du bœuf.

Les gibiers étaient plutôt du canard, de l’oie sauvage, des perdrix, de l’outarde, du lièvre, du castor, de l’orignal, de l’ours, du cerf, du pigeon et quant aux poissons, du corégone, du doré, du brochet, du saumon, de l’esturgeon, etc.

Cette alimentation traditionnelle des Premières Nations ressemble beaucoup à ce que l’on appelle les modes alimentaires, plus connues dernièrement sous le nom de « régime cétonique », ou même à une partie de base du régime paléolithique. Comme quoi on ne réinvente la roue !

Dans les dernières années, plusieurs personnes expérimentent ces types d’alimentations plus sélectives pour une période de test. Le fait d’exclure de leur alimentation les céréales contenant du gluten et les produits laitiers, et d’avoir une alimentation contenant plus de poissons, de gibier et de fruits et légumes procure chez certains individus un retour au bien-être.

Voici le témoignage de madame Falardeau, dite La Métisse, en cette matière : « Je croyais bien manger en suivant les recommandations du Guide alimentaire canadien. Pourtant, j’ai souffert d’eczéma, d’asthme, d’impétigo, d’hypoglycémie, d’abcès sévères, de dépression, d’insomnie chronique, d’anémie, d’allergies aux fruits exotiques, d’intolérances alimentaires… » Selon elle, malgré de nombreux suivis avec la médecine allopathique, l’ajout d’enzymes, d’antiacides, etc. à son alimentation plus occidentale la rendait malade.

Avec le temps, ce sont les aliments de ses ancêtres qui lui ont fait du bien. Aujourd’hui, son régime alimentaire s’inspire grandement de celui de ses ancêtres nomades, étant constitué de viande de bois, de poissons gras, de petits fruits sauvages, de riz, de pain et de pâtes sans gluten, de légumes racines, de courges, qui lui conviennent mieux. Elle mentionne ne pas bien digérer les légumineuses ni le maïs, mais c’est vraiment en revenant à une alimentation inspirée de ses ancêtres nomades et chasseurs qu’elle a su redonner à son corps ce dont il avait besoin pour rétablir de nouveau son plein potentiel vital et l’harmonie.

Bien entendu, on est loin du régime végétalien ou traditionnel. Madame Falardeau est convaincue que pour bien des gens au Québec, selon nos origines génétiques intrinsèques possiblement issues des Premières Nations, le retour à la santé serait possible en adoptant le mode alimentaire nomade ou sédentaire. Mais sachez que nous sommes tous uniques et qu’aucun mode alimentaire ne convient à tous.

Par contre, madame Falardeau souligne qu’il est triste de penser, qu’en quelques générations seulement, les autochtones sont devenus victimes, de par les changements dans leur mode de vie et leur alimentation maintenant différente de leurs ancêtres, et soient aujourd’hui atteints de problèmes de santé tels que l’obésité, le diabète, des problèmes cardiaques, etc.

En faisant ces lecteurs, je me suis rappelé ce que le Dr Denis E. Wilson avait publié dans ses écrits déjà en 1995-1996. Selon le Dr Wilson, certaines nationalités, surtout issues d’Irlande, du pays de Galles (Écosse), de Russie et des Premières Nations d’Amérique du Nord, auraient d’emblée une propension à développer ce qui est maintenant connu sous l’appellation de « syndrome de Wilson ». Les principaux symptômes s’apparentent à de l’hypothyroïdie. Comme ces peuples ont vécu des périodes de disette, de famine, dans des climats moins cléments, question de survie, probablement, l’organisme aurait alors, avec les générations, développé un mécanisme pour ralentir le métabolisme avec de la sous-température, un phénomène qui pourrait être normal dans leur cas. Ce n’est qu’un exemple des particularités ethniques qui ne sont pas souvent pris en compte lors d’un diagnostic et qui pourrait peut-être s’améliorer avec la bonne alimentation.

Sans vouloir retourner complètement dans le temps, la mondialisation nous a permis de

partager d’excellents aliments remplis d’antioxydants et de vitalité. Il n’en est pas de même pour la malbouffe, le raffinement des aliments à outrance, tous les additifs, les pesticides, les hormones de synthèse, etc. qui font partie de l’alimentation commerciale. Mais qu’aurait pensé votre arrière arrière-grand-mère de ce que vous mettez dans votre assiette ? Et de quelle nationalité étaient vos ancêtres ? Au- raient-ils pour vous la clé du bien-être, à partir de leur assiette, en respect avec vos origines ?

Qui sait, comme Marty dans les films Retour vers le futur, je trouve intéressant de penser que de faire un petit voyage en arrière dans notre passé nous permettrait peut-être d’avoir un meilleur futur pour notre santé globale et un potentiel vital en harmonie.

 

RÉFÉRENCES

FALARDEAU, Isabelle Kun-Nipiu. Usages autochtones des plantes médicinales du Québec, Éditions La Métisse, ISBN 978-2-924665-02-2, 2015.

WILSON, Denis M.D. Doctor’s Manual for Wilson’s syndrome, second Edition, ©1991-1995 Muskeegee Medical Publishing Co.

http://www.wilsonssyndrome.com/author/deniswilson/

http://www.thyroidscience.com/cases/lowe.9.6.10/lowe.t 3.fms.9.6.10.htm

KAK’WA KURTNESS, Manuel. Pachamama, cuisine des Premières Nations, Éditions Boréal, 2009, ISBN 978-2- 7646-0698-8.